Développement de Carrière Y a-t-il un avenir pour les secrétaires en région?

Y a-t-il un avenir pour les secrétaires en région?

S’il y a un atout sur lequel bien des employés peuvent compter dans leur vie professionnelle, c’est bien leurs expériences.

Manon Girard hésite à partager cet avis. Secrétaire depuis 20 ans, elle a passé une partie de sa vie à exercer cette profession avec amour et persévérance. Un métier qu’elle connaît sur le bout des doigts. Pourtant elle est au chômage depuis un an.

Cette difficile attente commence à peser et mine grandement sa confiance et sa motivation.

La phobie des employeurs

Manon Girard est persuadée que c’est justement son expérience qui fait fuir les recruteurs.

«Avec mes 20 ans d’expérience, les employeurs doivent penser que je vais leur demander un salaire exorbitant». Pour elle, les temps sont durs : «C’est bien la première fois de ma vie que ça m’arrive et l’estime de soi en prend vraiment un coup ».

Tout travail mérite salaire, répète souvent Manon. Elle estime que chacun doit être payé selon ses qualifications..

Habiter en région

Manon habite et vit au Lac-Saint-Jean, et elle le dit clairement, il n’y a pas beaucoup d’emplois disponibles chez elle. Quand un emploi est affiché quelque part, les recruteurs reçoivent des centaines de CV. Tout le monde postule, c’est tout à fait normal.

Pour Manon, les employeurs ont donc l’embarras du choix, c’est d’ailleurs certainement pour ça, dit-elle, qu’ils offrent un salaire moindre: ils savent qu’ils ont une panoplie de candidats à leurs dispositions.

Pas un cas isolé

Manon Girard, n’est pas la seule à faire ce constat, bien des secrétaires pensent de plus en plus qu’il est difficile de trouver chaussure à son pied en région.

Sandra Tremblay en est un autre exemple.. Pour cette secrétaire de Chicoutimi, la recherche d’emploi est de plus en plus compliquée, les employeurs veulent quelqu’un qui peut tout faire à un salaire dérisoire.

«De nos jours, les employeurs se facilitent beaucoup la tâche, ils veulent la réceptionniste, la secrétaire la vendeuse, la comptable, le commis-marchandiseur et cela dans un même paquet et pour le même prix».

Les salaires piquent du nez

«Les salaires sont vraiment ridicules, estime Sandra. On nous offre entre 11 et 13 $ pour un magnifique emploi sans protection, parfois c’est plus avantageux de s’en aller vendeuse dans un magasin à commission...»

Autre souci qui fait mal à la profession : celui de ces jeunes qui sont familier avec la technologie et qui se tournent vers ce type d’emploi sans avoir aucune connaissance en secrétariat. Ils sont une manne pour les employeurs, car ils sont prêts à travailler au salaire minimum, sans rien à redire.

Pour Sandra, les employeurs pensent faire des économies, mais en fin de compte, ils se trompent lourdement. «La compétence et le service restent souvent bâclés (courtoisie maladroite, documents «copiés collés»...) voilà pourquoi c’est très dur pour nous de nous imposer dans un secteur qui nous revient, pourtant, de droit sur le marché du travail».