« Entre l'avocat et la secrétaire, c'est un peu comme un couple »

Près de trente ans d'expérience comme secrétaire juridique puis professeure en secrétariat juridique et toujours le même amour du métier. Julie Tondreau, qui a choisi cette voie à la faveur d'une opportunité professionnelle, n'a jamais regretté d'avoir pris ce virage. Pour Secrétaire-inc, elle raconte.

Secrétaire-inc : Pourquoi avez-vous choisi le secrétariat juridique?

Julie Tondreau : Je ne l'ai pas vraiment choisi! J'avais simplement une formation en bureautique lorsque j'ai été embauchée dans un cabinet d'avocats. Grâce à mes employeurs, j'ai alors pu suivre une formation en secrétariat juridique et acquérir ainsi les connaissances qui me manquaient.

Appréciiez-vous de travailler dans un cabinet?

Oui! Mon expérience la plus passionnante a été mon emploi dans un cabinet qui faisait du litige - assurances. Chaque jour apportait son lot de nouveautés! Il y avait tout le temps de nouvelles histoires : un jour on devait gérer l'affaire d'un enfant qui s'était blessé durant une sortie scolaire, le lendemain je travaillais sur un dossier de vices cachés, c'était vraiment exaltant!

Vous avez appris des choses du coup?

Des tas! J'aime autant vous dire que lorsque j'ai dû acheter une propriété, je savais vraiment à quoi je devais faire attention! (Elle rit). Secrétaire juridique, ça ressemble un peu au métier de journaliste : on apprend beaucoup sur de multiples choses.

Et que pensez-vous du rapport avocat - secrétaire? A-t-il évolué?

Oui, aujourd'hui ce sont vraiment des partenaires. Chacun a ses forces et les deux se complètent. Dans les années 80, l'avocat avait tout le fardeau et la partie déléguée à l'adjointe était restreinte. Mais les lois ont changé, les délais à respecter sont plus courts, l'adjointe a donc un vrai travail de collaboratrice désormais.

Il faut bien s'entendre alors?

J'irais même dire que c'est comme une histoire de couple! Il faut savoir fonctionner ensemble. Parfois, l'ambiance du bureau aide aussi. L'avocat est so-so mais les collègues sont géniaux, alors vous arrivez à travailler quand même. Cependant, il arrive que les choses soient plus compliquées. Une collègue adjointe, qui n'était pas d'accord avec son patron, a cessé de s'adresser à lui durant un an. Un an! Ils ne se parlaient que par courriels!

Avez-vous des anecdotes drôles sur le métier?

Oui, plein! Dans les années 80, tous les documents se transmettaient par fax. Il y avait un dossier pour lequel j'envoyais chaque nouvelle pièce au client via son numéro de fax. Une année passe, l'affaire est résolue. Le jour de la résolution, la partie adverse m'a appris que depuis un an, je me trompais de numéro de fax, et que c'était à elle que j'envoyais toutes les pièces!

Dans les choses amusantes commises par d'autres que moi (elle rit), il y a cette collègue, appelée par l'avocat pour une déclaration solennelle. À l'époque, les gens juraient encore sur la Bible. Mais impossible de trouver cette fameuse Bible! Prise par le temps, elle a attrapé un dictionnaire dont la couverture était ressemblante. Le client et l'avocat n'y ont vu que du feu!


Julie Tondreau, ex-secrétaire, désormais professeure

Pouvoir enseigner ce métier qu'elle a tant aimé était son rêve. Julie Tondreau forme désormais la nouvelle garde des adjointes en bureautique juridique au Collège supérieur de Montréal et au Centre de formation Julie Tondreau de Confections juridiques M.T. dont la mission est de guider et appuyer les intervenants judiciaires dans leur travail. Elle a également rédigé le Manuel de la Secrétaire Juridique qui est devenu un outil de référence indispensable pour la plupart des bureaux d’avocats et d'écoles spécialisées en technique ou bureautique juridique.