DEP ou DEC : Compétences, salaire et placement
Florence Tison
28 janvier 2019
Salaires et avantages sociaux
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Les intervenantes de chacun des milieux prêchent pour leur paroisse respective, et on les comprend. Poursuivons le dossier en abordant le sujet des compétences acquises par les étudiantes du DEC et du DEP.
L’importance du français
On le sait : pour le travail d’une adjointe, la qualité du français est essentielle. Mais entre le DEP et le DEC, quel programme permet la meilleure maîtrise de la langue? Annonçons d’emblée que dans un cas comme dans l’autre, le français est évalué dans tous les cours.
« On donne cinq cours de français, et dans le nouveau programme nous avons l’obligation d’évaluer le français dans tous les cours, » confirme Manon Moreau, directrice-adjointe et responsable du DEP en secrétariat de l’École des métiers de l’informatique, du commerce et de l’administration de Montréal (EMICA).
« On a une politique d’évaluation du français dans tous les cours, souligne elle aussi Nathalie Croteau, coordonnatrice et enseignante au Cégep de Sorel-Tracy, et qui compte pour beaucoup dans notre programme. »
Au DEC, voici la proportion de points qu’une étudiante peut perdre par cours suite à des erreurs de français.
- 1e année de DEC : 20 % des points
- 2e année de DEC : 25 % des points
- 3e année de DEC : 30 % des points.
Le DEP : les nouvelles technologies avant tout
Si le français est évalué dans tous les cours au DEP, « 80 % des compétences sont axées sur la technologie, » indique Madeleine Lohé, enseignante au Centre de formation Compétence-de-la-Rive-Sud.
Le nouveau programme du DEP, qui est enseigné depuis l’automne dernier, met ainsi l’emphase sur les nouveaux logiciels, les médias numériques, la conception visuelle de documents ainsi que le support technique.
« Les élèves partent d’ici vraiment avec un bon bagage et de bons outils pour fonctionner, » estime Chantal Belisle, directrice adjointe au Centre de formation professionnelle des Moulins à Terrebonne.
La grande question du salaire
« L’une des vraies différences entre le DEP et le DEC est salariale, » expose Valérie Montreuil, professeure et coordonnatrice départementale en techniques de bureautique au Cégep André-Laurendeau de Montréal.
« C’est la raison pour laquelle les étudiantes optent pour le DEC, et aussi pour augmenter leurs chances d’avancer dans l’entreprise, poursuit la professeure. Par rapport à la différence salariale, nous en 2017, c’est au-delà de 25 $ de l’heure. Pour le DEP, ça se situe à 18 ou 19 $ à l’entrée en poste. »
Parmi les 18 finissantes du Cégep André-Laurendeau en 2017, la moyenne des salaires annuels à l’entrée était de 43 457 $, soit « à peu près 25 $ de l’heure, » précise Valérie Montreuil.
Un salaire plus élevé par année de formation
Selon la directrice des études au Cégep de Sorel-Tracy Marie-Claude Pineault, cette différence de salaire s’explique par les deux années d’études de plus dont profitent les étudiantes du DEC.
« On est mieux payées pour les années supplémentaires de formation, tranche Marie-Claude Pineault. La mécanique est là, (les employeurs) n’ont pas le choix. Au DEC, il y au moins deux ans de formation supplémentaire. Cela donne quelques milliers de dollars sur le salaire annuel, au bout de 10 ans, c’est plusieurs milliers de dollars! »
La directrice-adjointe et responsable du DEP en secrétariat de l’EMICA Manon Moreau n’est pas d’accord sur ce point. « J’en ai, des secrétaires juridiques qui vont gagner 80 000 $ par année! C’est au choix de l’employeur. »
Plus d’avancement pour les finissantes au DEC
Pour obtenir des postes plus élevés dans la fonction publique, par exemple, plusieurs intervenantes sont d’avis que le DEC est nécessaire.
« On a une étudiante qui a fait le DEP et ensuite la passerelle pour faire son DEC, explique la coordonnatrice et enseignante au Cégep de Sorel-Tracy Nathalie Croteau. (Les étudiantes) se rendent compte que pour des postes plus élevés au gouvernement, le DEC est demandé. Pour être technicienne en bureautique, on demande un DEC. Pour celles qui veulent de meilleures conditions salariales à l’embauche et une plus grande polyvalence dans le choix des postes, ça prend un DEC. »
Le placement : excellent partout!
Du côté du placement, les perspectives sont bonnes des deux côtés… surtout en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
« On a de la misère à combler les demandes des patrons, témoigne la directrice-adjointe et responsable du DEP en secrétariat de l’EMICA Manon Moreau, et on forme quand même 18 groupes de 24 élèves annuellement! On a en haut de 90% de placement dans nos trois programmes (régulier, médical et juridique). On a même des secrétaires régulières qui sont embauchées sans spécialisation dans des bureaux d’avocats! »
L’enseignante au DEP Madeleine Lohé abonde dans le même sens. Selon elle, certaines étudiantes doivent même refuser un emploi offert durant leur stage avant même qu’elles aient terminé leur formation d’adjointe.
« Souvent, les élèves sont déjà sollicitées pour rester. On doit dire aux entreprises : “Non, non, non, vous nous la laissez et quand elle aura fini, vous la reprendrez!”. »
Même pour les emplois dans la fonction publique, les étudiantes du DEP ont autant de chances que celles au DEC, d’après Madeleine Lohé.
« On est très, très sollicitées par le gouvernement. C’est sûr qu’on a autant de chances que les gens qui viennent du DEC. Que vous veniez du DEC ou du DEP, vous avez des examens d’entrée à faire. Si vous les réussissez, peu importe votre diplôme, vous avez l’emploi! »
Au final, DEP ou DEC?
Selon bien des intervenantes du milieu, la comparaison n’a pas lieu d’être : ce serait comme comparer une pomme à une orange.
Si le DEC permet théoriquement d’ouvrir davantage de portes, le contexte de pénurie de main-d’œuvre donne tout autant de chances aux finissantes du DEP. Quant aux formations, si l’une est plus courte et plus technique, l’autre donne plus de place à la réflexion.
Au final, ce sont souvent les besoins immédiats des étudiantes qui vont primer. On veut un diplôme rapidement? On aura un diplôme rapidement, et d’excellentes perspectives d’emploi en plus.
« Dans le fond, on veut qu’elles aient des diplômes et qu’elles soient reconnues pour les compétences qu’elles ont, résume la directrice des études au Cégep de Sorel-Tracy Marie-Claude Pineault. Le combat est le même. Mettre les uns en opposition aux autres, ça divise, et ça ne sert pas. »
« Formez-vous, poursuit la directrice des études. C’est votre choix, vos intérêts. Pour certains, ça convient mieux le secrétariat, et pour d’autres, ça convient mieux la bureautique. »
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