Développement de Carrière Secrétaire de direction: entre l’ombre et la lumière

Secrétaire de direction: entre l’ombre et la lumière

«Je travaille dans l’ombre pour que mon patron puisse être dans la lumière». Voilà comment Céline Lecque, 15 ans d'expérience, appréhende le métier de secrétaire de direction. Une manière de voir son emploi qui lui a permis de travailler auprès de plusieurs grands directeurs et directrices, notamment au sein du groupe L’Oréal France.

Elle commence comme secrétaire de direction en 2001. Et dès son premier entretien, elle demande à rencontrer le manager. «Ça paraissait inédit, mais comment peut-on accepter de travailler avec quelqu’un que l’on n’a jamais rencontré auparavant?» s’interroge-t-elle. Contrairement aux autres adjointes, les secrétaires de direction travaillent en effet en étroite collaboration avec une seule personne. «Le but du jeu, c’est d’aider le manager à optimiser son propre rôle», estime Céline.

Forte de cette conviction, elle apprend à travailler au contact de ce manager, qu’elle suit dans toutes ses promotions. Un véritable challenge! Les dossiers changent mais le travail reste le même. Céline découvre alors le maître-mot de son travail de secrétaire de direction : l’anticipation. «Dans une réunion, il n’avait rien besoin de me dire… Je voyais à ses réactions, à son regard, ce que j’allais devoir faire ensuite!»

L’Oréal Canada

En 2009, Céline et son compagnon abandonnent jobs et maison en France pour venir s’installer à Montréal. Céline se rapproche alors de L’Oréal Canada. «J’étais curieuse de voir les différences de management…»

Pour Céline, le plus difficile est de travailler auprès d’un directeur qui ne veut pas, ou ne sait pas, collaborer. À Montréal, elle débute auprès d’un jeune manager surchargé de travail et connecté 24 heures sur 24 sur ses courriels. «J’ai dû lui apprendre comment travailler avec une secrétaire de direction, beaucoup de directeurs ne savent pas… Ils ignorent ce qu’ils doivent dire ou ce qu’ils peuvent déléguer!»

Six mois plus tard, on lui propose de travailler auprès d’une VP, une femme avec beaucoup de responsabilités et une forte personnalité. Le poste est vierge depuis deux mois et il faut tout reprendre depuis le début. «Certains directeurs s’attendent à ce que vous sachiez tout dès le départ, il a fallu que je fasse comprendre que certes, j’avais de l’expérience, mais pas encore les automatismes du poste.»

Céline résume ce problème en expliquant : «Le premier jour, tu vas mettre une heure à taper un courriel, au bout d’un mois, tu fais dix courriels en une heure, mais si dès le premier jour, ton patron s’attend à ce que tu fasses dix courriels dans l’heure, ça ne peut pas fonctionner!»

Sa patronne est coutumière des coups de colère. «Il a fallu que je prenne du recul car, pour la première fois, je ne savais pas ce que je devais faire!» Elle prend la décision d’avoir une discussion franche avec elle. «Je lui ai dit que je savais qu’elle avait beaucoup de pression, mais que j'étais son alliée et que ma job, c’était de la protéger... elle devait donc d'abord et avant tout m'aider à l'aider et cela passait par une meilleure communication entre nous.»

Transmission de savoirs

Pour Céline, l’une des parties les plus importantes de son travail de secrétaire de direction reste la transmission de savoirs. Elle a créé au sein de L’Oréal Canada un comité des adjointes qui avait notamment pour but l'échange de bonnes pratiques. Au cours de trois ou quatre réunions annuelles, les adjointes assistent par exemple à la présentation d’un outil bureautique qui leur est destiné. Le comité est aussi un excellent vecteur d’informations entre les anciennes et les nouvelles. «Même si je ne suis plus chez L’Oréal, il est toujours en place», se félicite Céline.

Par la suite, Céline a entrepris une activité de massothérapeute, un domaine qui lui tenait à cœur. Mais au bout de quelques mois, elle a souhaité reprendre son métier de secrétaire de direction. «La massothérapie marche bien, mais j’ai besoin de réintégrer le monde de l’entreprise», explique-t-elle, confiant qu’elle n’est pas «une fille qui travaille seule». Le bien-être au travail reste cependant une de ses idées phares, qu’elle entend bien mettre en application un jour.