Développement de Carrière Secrétaires avec un handicap

Secrétaires avec un handicap

1) Depuis sa naissance, Lorraine Hutton souffre de paralysie cérébrale. Son handicap est visible dans sa démarche légèrement déficiente, dans son problème de motricité fine et au niveau de son élocution.

À 47 ans, comment avez-vous déniché, comme vous le qualifiez, votre « premier vrai emploi »?

J’ai été placée pour un stage comme réceptionniste par le SEMO, un organisme d’aide à l’emploi pour les personnes handicapées. C’était au Centre d’Aide aux Personnes Traumatisées Crâniennes et Handicapées Physiques des Laurentides. J’y suis depuis sept ans.

Avez-vous l’impression que votre handicap nuit à votre travail ou à vos relations avec les collègues ou les clients?

Non, tout va très bien. On est un beau groupe le fun et j’ai été bien acceptée. Avec les clients, qui ont eux-mêmes souvent des limitations, on dirait qu’ils sentent que je les comprends étant donné mon handicap. Mon employeur n’a pas eu à ajuster mon poste de travail, sauf pour une chaise parce que j’avais mal au dos.

Que suggérez-vous aux personnes handicapées qui voudraient travailler?

Je leur dis d’ouvrir les portes, de foncer, de ne pas s’apitoyer, de garder la tête haute et de suivre leur chemin!

2) Christina Pessiridis a 45 ans lorsqu’une trombose la laisse avec un handicap visuel. Elle doit alors se réorienter.

Quel était votre travail et pourquoi avez-vous dû le quitter?

Nous recevions les chèques déposés dans les banques, nous les passions dans des machines à encoder et nous devions vérifier que le total balançait. Après la trombose, j’ai perdu en rapidité. Aussi, comme je travaillais avec de l’argent, c’était une trop grosse responsabilité avec ce handicap.

Qu’avez-vous fait?

Avec L'Institut Nazareth et Louis-Braille, j’ai eu accès à une intervenante pour adapter mon environnement. Au travail, ils ont installé le logiciel Zoomtext et j’ai des loupes pour mieux voir.

Vous avez trouvé un autre travail?

J’ai fait le Programme de préparation à l’emploi avec Horizon-travail, j’ai pris des cours d’informatique et d’anglais et j’ai fait un stage comme agente de bureau à Action main-d’œuvre. J’y suis depuis 2010.

Avez-vous l’impression que votre handicap nuit à votre travail ou à vos relations avec les collègues ou les clients?

Je travaille avec des gens habitués aux limitations. Il n’y a aucun jugement. J’avais très peur de ça. C’était nouveau pour moi d’être handicapée. Ça m’a pris un an et demi à l’accepter. Le problème n’a pas été les autres, c’était moi.

3) Lyne Rivard est née avec une paralysie des membres inférieurs. La dame compte 20 ans d’ancienneté chez son employeur.

Comment avez-vous décroché votre emploi?

Les Ateliers Léopold-Desrosiers inc. à Matane est une entreprise adaptée ayant pour mission d’embaucher 60% de personnes handicapées. Il n’y avait pas d’autres handicapées diplômées que moi dans le coin. J’ai travaillé pour l’organisme de 1982 à 1989. Ensuite, je suis allée élever mes enfants et depuis 2001, on m’a réembauchée comme secrétaire de direction.

Comment l’employeur s’est-il adapté à vos besoins spéciaux?

Durant dix-neuf ans, je marchais avec des béquilles : les choses étaient organisées pour limiter mes déplacements. Aussi, la papeterie est fixée au mur, les classeurs sont plus hauts, les portes sont coulissantes et munies de tablettes qui sortent automatiquement. Depuis un an, je suis en fauteuil roulant, alors ils ont déplacé mon bureau et rabaissé mon imprimante.

Avez-vous l’impression que votre handicap nuit à votre travail ou à vos relations avec les collègues ou les clients?

Non, car je suis en entreprise adaptée. Le milieu régulier, c’est différent. Lors d’un emploi au gouvernement, on m’a donné un bureau dans le fond et je sais que c’était pour me cacher. On parle par contre du début des années 80 : les choses ont sûrement évolué depuis.

Justement, à ce sujet, nous aimerions vous entendre. Secrétaires souffrant d’un handicap et qui travaillez dans le milieu régulier, comment cela se passe-t-il pour vous?