Développement de Carrière Secrétaire.. et aveugle!

Secrétaire.. et aveugle!

Quand elle était toute petite, Suzanne Tremblay rêvait de devenir infirmière, comme sa grand-maman qu’elle admirait beaucoup. Un jour, elle s’est mise à voir embrouillé d’un oeil. On lui a acheté des lunettes qui n’ont pas réglé son problème. Sa vision allait de mal en pis. L’optométriste l’a envoyée voir un ophtalmologiste qui l’a envoyée voir un neurologue. On a finalement découvert que la petite Suzanne souffrait d’un cancer du cerveau dont la tumeur faisait pression sur le nerf optique.

Le 8 décembre 1975, à l’âge de huit ans, la jeune fille se fait opérer. On lui retire sa tumeur. Mais, par le fait même, le nerf optique s’est atrophié. À son réveil, Suzanne est rendue aveugle. « J’ai été tellement malade suite à l’opération, parce qu’ils m’ont enlevé l’hypophyse, que je n’ai pas réagi tout de suite à ma nouvelle condition de non-voyante. Ce n’est qu’une fois rétablie que je ne l’ai pas trouvé drôle », raconte, avec un brin d’humour et avec son bel accent du Saguenay, celle qui s’est parfaitement adaptée à sa situation par la suite.

Aujourd’hui, Suzanne a 47 ans, et elle est en train de réaliser le rêve de sa vie : travailler dans le domaine de la santé en faisant un stage de trois semaine à l’hôpital de Jonquière comme secrétaire. « J’ai essayé pendant plusieurs années, quand j’étais plus jeune, de rentrer dans une école de secrétariat, mais on me refusait tout le temps », explique la nouvelle et la toute première secrétaire aveugle diplômée au Québec.

Une attitude de gagnante

Quand, il y a deux ans, elle s’est présentée au Centre de formation professionnelle l’Oasis à Chicoutimi pour s’inscrire en secrétariat, les membres de la commission scolaire ne l’ont pas acceptée tout de suite. « Ils voulaient que je leur prouve que j’allais être engagée. Je leur ai dit que j'étais une personne qui part toujours avec une attitude de gagnante », raconte fièrement celle qui n’a que de bons mots à dire pour tous ces gens qui l’ont aidée dans son parcours.

Suzanne est un bel exemple de persévérance. Un vieux mythe persiste et veut que les personnes aveugles ne puissent rien faire. Or, avec tous les logiciels qui existent aujourd’hui, ils peuvent, au contraire, à peu près tout faire. « De toute façon, moi je pense que quand on veut, on peut. Moi, mon “pas capable”, y’est mort quand j’avais huit ans », affirme-t-elle avec beaucoup de conviction.

Des études en secrétariat médicale

La Saguenéenne, qui poursuivra ses études en secrétariat médical à la fin janvier, désire encourager toutes les secrétaires du Québec en leur disant de ne « jamais se laisser abattre par les gens qui ne savent pas ce qu’ils disent. Il faut garder en tête que les mots des bonnes personnes et oublier les autres ».

Pour terminer, Suzanne tient à remercier tous les gens qui l’ont aidée à réaliser son rêve : ses parents (qui l’ont toujours poussée à essayer), toute l’équipe de l’école : le technicien en informatique de la commission scolaire (Dany Gagnon), la psychoéducatrice (Josée Bluteau), le directeur et son adjointe (Dominic Boily, Sarah Drolet), ses accompagnatrices (partuculièrement Kathy Dassylva), son groupe de filles (le 490) qui sont toutes devenues de très bonnes amies et, finalement, les deux secrétaires de direction qui l’ont engagée pour faire son stage (Gina Larouche et Carmen Tremblay).